***Coup de coeur ciné de la rédaction***
Un monde fragile et merveilleux
Sortie en salles le 18 février 2026(1h50) Drame, Romance
De et avec Cyril Aris
Avec Mounia Akl, Hassan Akil, Julia Kassar
Un Liban en clair-obscur, un amour en suspension
Il y a dans Un monde fragile et merveilleux cette émotion rare, presque oubliée, que procure le cinéma lorsqu’il parvient à faire vibrer la douceur au milieu du tumulte. Cyril Aris signe un film à la fois intime et ample, un récit où les fissures du Liban contemporain deviennent la toile sensible d’une histoire d’amour improbable. Une œuvre qui murmure plus qu’elle ne crie, qui observe plus qu’elle ne démontre.
Le film s’ouvre sur Beyrouth comme sur un palimpseste : bruit, poussière, mer, lumière dans un pays meurtri mais pas brisé. C’est là que se croisent à nouveau deux êtres que tout semble opposer : lui, homme lumineux, presque solaire, dont la joie et l’optimisme simple frôle la naiveté ; elle, femme déterminée, avalée par son travail, par les urgences d’une vie qui court plus vite qu’elle. Ils se sont connus enfants, puis perdus, puis oubliés… jusqu’à cette rencontre fortuite qui les replonge, dans leur propre passé.
Un duo magnétique au cœur de la tourmente
Hassan Akil compose un personnage d’une douceur déconcertante résolument vivant. Face à lui, Mounia Akl, admirable de retenue, offre une partition tendue, prise entre ambition et fatigue intérieure. Leur duo fonctionne par contrastes : l’un respire, l’autre retient son souffle. Ensemble, ils redonnent corps à cette idée vieille comme le monde : l’amour comme seconde chance, comme possible réinvention.
Julia Kassar, discrète mais décisive, apporte à l’ensemble une profondeur supplémentaire, comme une mémoire du Liban et de ses générations abîmées.
Un film-poème, une déclaration d’amour au pays et à ses cicatrices
Aris filme les rues, les plages, les toits et les nuits libanaises avec la délicatesse d’un funambule. Son Liban n’est ni idyllique ni misérabiliste : il est fragile, beau, traversé de fantômes et d’éclats. La caméra s’attarde sur les gestes, sur les silences, sur cette manière qu’ont les protagonistes de se frôler avant de s’avouer.
Le scénario, volontairement épuré, laisse la place à l’érosion du temps, au hasard, au destin… à cette poésie que le film assume pleinement. Certains y verront un romantisme « à l’ancienne » ; d’autres, un miroir sensible d’un pays qui continue d’aimer malgré tout.
Un film poignant, authentique, lumineux
Un monde fragile et merveilleux porte bien son nom. C’est une pépite délicate, un conte moderne qui refuse la facilité du cynisme pour lui préférer la puissance d’une émotion simple et sincère. Un film qui reste en tête longtemps après la sortie de la salle, comme le parfum d’une rencontre inattendue.
On en ressort touché, un peu meilleur, un peu plus doux. Un cinéma de la guérison et, en ces temps vacillants, un cadeau précieux.


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