L’Engloutie : la vie d’antan en haute altitude
Le cinéma français voit émerger une voix singulière avec L’Engloutie, premier long-métrage de Louise Hémon, qui aborde la psyché humaine avec une finesse rare. Sous ses airs de drame historique, le film est avant tout une plongée mentale, entre isolement et désillusion.
Une femme face à elle-même
L’héroïne, Aimée, une jeune institutrice républicaine, est envoyée en 1899 dans un hameau alpin coupé du monde. Si, au départ, elle incarne la figure de la Raison venue éclairer un village archaïque, elle devient peu à peu le jouet de son propre inconscient.
Face à la rudesse de l’hiver et à l’hostilité passive des habitants, ses repères s’envolent. Loin de la civilisation, ses idéaux se heurtent à des forces plus souterraines : les pulsions, la solitude, la peur.
L’isolement comme catalyseur
Le film exploite à merveille un thème classique de la psychologie : l’isolement prolongé comme déclencheur d’une transformation intérieure. Enfermée dans ce microcosme figé par la neige, Aimée traverse un véritable processus de décomposition psychique. On assiste à l’érosion de son moi social qu’est cette « institutrice modèle », pour laisser émerger une femme plus instinctive, presque sauvage.
Chaque regard, chaque non-dit, chaque silence devient une menace. Le village entier agit comme un miroir déformant, révélant ce qu’Aimée ne veut pas voir en elle-même.
Un portrait en clair-obscur
Galatéa Bellugi incarne ce glissement intérieur avec une subtilité remarquable. Son visage passe de la détermination à la fragilité, de la clarté au trouble. Ce n’est pas un effondrement, mais une transformation : Aimée cesse de vouloir contrôler, et finit par se laisser traverser par ce qui la déborde.
Ce n’est pas une folie spectaculaire, mais l’effritement progressif d’un équilibre mental, nourri par le silence, l’altitude et l’ennui.
Un cinéma de l’inconscient
L’Engloutie s’inscrit dans la lignée d’un cinéma sensoriel et psychanalytique. Louise Hémon ne filme pas seulement un lieu, mais un état mental. Elle montre comment un idéal peut se retourner contre lui-même quand il est confronté au réel brut, et comment ce qui ne peut être dit finit toujours par ressurgir.
Pour conclure
L’Engloutie n’est pas un film d’action, c’est un film de réaction. Une plongée en douceur dans les creux de l’âme, là où les certitudes fondent comme neige au soleil.
Informations
Titre : L’engloutie
Réalisatrice : Louise Hémon
Distribution :
Rôle principal : Galatea Bellugi
Rôles secondaires : Matthieu Lucci, Samuel Kircher, Sharif Andoura
Sortie en salles en France à partir du 24 décembre 2025


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