The Loop
Le pouvoir en boucle
Avec sa deuxième pièce, Robin Goupil rejoue la scène du crime à la manière d’un jeu d’enfants. Derrière l’absurde, une mécanique implacable : celle des rapports de force et de la justice en roue libre.
Un polar sous acide
Dans une bourgade américaine bien stéréotypée, le fils du maire est accusé de meurtre. L’affaire est grave, mais le traitement ne l’est pas. Car The Loop, deuxième spectacle de Robin Goupil après No Limit, prend ce point de départ pour tordre les codes du polar à la sauce comique. Le postulat : une même scène — l’interrogatoire au commissariat — est rejouée trois fois, avec à chaque fois un infime détail modifié. Une manière de mettre en lumière l’effet papillon, mais aussi d’explorer comment la vérité peut se distordre au gré des rapports de pouvoir.
Comédie à la fois potache et acide
Sur scène, une galerie de personnages archétypaux : policiers obstinés, avocate déjantée, maire corrompu, accusé muet… Des figures qui pourraient être sorties d’un film américain des années 90, dont Goupil revendique l’héritage esthétique et langagier — avec une langue de plateau inspirée des vieilles VF, énergique et pleine d’ironie. L’auteur-metteur en scène ne cache pas sa fascination pour la démesure américaine, qu’il détourne ici pour pointer, en creux, les absurdités bien françaises du pouvoir, de la justice ou de la corruption.
Un théâtre du jeu
Mais The Loop est aussi une déclaration d’amour au théâtre comme terrain de jeu. “Comme des enfants qui ne trichent pas”, dit Goupil dans son dossier de présentation. La mise en scène repose sur le sérieux des comédiens dans l’absurde : pas de clin d’œil au public, pas de second degré, mais une interprétation droite dans ses bottes, qui laisse la comédie surgir des situations et de l’aplomb des personnages.
Entre farce, satire politique et comédie d’enquête, The Loop offre un regard critique sur notre époque en détournant les codes du rire. Une boucle dont on sort plus lucide… et hilare.
***MOLIÈRE 2025 DE LA MEILLEURE COMÉDIE***
Texte et mise en scène : Robin Goupil
Avec en alternance : Aurélie Boquien • Tristan Cottin • Juliette Damy • Fabian Hellou • Stanislas Perrin • Miren Pradier • Laurent Robert • Emmanuelle Taton • Laurène Thomas • Rémi Waeles
Jusqu’au 21 décembre auThéâtre Montparnasse
31 rue de la Gaieté 75014 Paris
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