« Nino », l’épreuve et la grâce
En salle depuis le 17 septembre 2025 | 1h36 | Drame
Un film de Pauline Loquès, avec Théodore Pellerin, William Lebghil, Salomé Dewaels
Il ne reste que trois jours à Nino. Trois jours avant une épreuve dont on ne saura, jusqu’au bout, ni la nature exacte, ni l’issue. Ce que l’on sait en revanche, c’est que ces trois jours seront décisifs. C’est tout le pari de Nino, premier long-métrage de la réalisatrice Pauline Loquès, d’installer le spectateur non pas dans l’attente d’un dénouement, mais dans l’expérience d’un présent fragile, chargé d’une urgence douce.
Le pitch est simple, presque modeste : à la suite d’un diagnostic médical, Nino reçoit deux « missions » de ses médecins. Deux impératifs, à accomplir avant l’échéance. Ce prétexte scénaristique, qui pourrait tomber dans l’artifice, devient ici le cœur d’un récit profondément humain, porté par la grâce lumineuse de Théodore Pellerin. L’acteur canadien, révélé par Genèse et Never Rarely Sometimes Always, trouve ici l’un de ses plus beaux rôles. Il incarne Nino avec une justesse rare, une intensité presque silencieuse. Chaque regard, chaque hésitation devient geste de cinéma.
Pauline Loquès filme Paris non pas comme un décor de carte postale, mais comme un labyrinthe d’émotions. Les rues, les cafés, les couloirs d’hôpitaux : tout semble baigné dans une lumière tamisée, où le réel vacille entre l’espoir et l’angoisse. Le film aurait pu sombrer dans le pathos. Il n’en est rien. Grâce à une écriture fine, presque pudique, la réalisatrice trace le portrait d’un jeune homme à l’orée d’un choix, d’un saut, peut-être d’un adieu.
Autour de Nino gravitent des figures secondaires tout en nuance : William Lebghil, dans un contre-emploi touchant, et Salomé Dewaels, lumineuse et fragile, apportent au récit une chaleur inattendue. On rit parfois, doucement, presque à contretemps. Une manière subtile de rappeler que la vie continue de circuler, même dans les interstices du drame.
“Nino” n’est pas un film à thèse. Il n’explique pas, ne juge pas. Il propose un regard tendre, honnête, presque désarmé sur un moment que le cinéma explore trop rarement : celui où l’on doit, coûte que coûte, se réconcilier avec soi-même. Et peut-être, avec les autres.
À la sortie de la salle, quelque chose persiste. Une sensation douce-amère, une respiration suspendue. Comme si, durant 1h36, on avait marché aux côtés de Nino, un peu plus vivants, un peu plus vulnérables aussi.
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