Chroniques d’Haïfa – histoires palestiniennes
Le contexte
Réalisé par Scandar Copti, un ingénieur et réalisateur, le film s’intéresse à la vie d’une famille bourgeoise palestinienne habitant à Haïfa. La première scène est celle d’un incident qui ne semble pas trop grave : Fifi est hospitalisée après un accident de voiture. Cet événement déclenche une cascade de révélations : une grossesse problématique de la petite amie de son frère, les difficultés financières de son père, et les efforts de la mère, pour préserver la réputation de la famille. Le film dévoile ainsi les tensions générationnelles, les tabous et les conflits silencieux de ce foyer.
Copti développe sa réflexion sur les structures patriarcales dans les sociétés où il a grandi et comment ces dynamiques façonnent les relations et ce que l’on considère comme normal. Il propose une immersion dans la vie quotidienne, et met en lumière les oppressions intériorisées à travers des détails qui semblent ordinaires.
Une démarche cinématographique hors du commun
Comme pour son premier film intitulé « Ajami », Copti sélectionne des comédiens non professionnels dont le réel métier correspond aux métiers des personnages qu’ils vont jouer (médecin, enseignante…), favorisant une authenticité émotionnelle forte.
Rarement utilisé au cinéma, ce procédé permet aux acteurs de vivre l’évolution de leurs personnages en temps réel, renforçant l’immersion. D’ailleurs il enseigne cette technique hors norme dans plusieurs pays.
Le tournage est volontairement intime : filmé par 2 caméras portées, une équipe réduite, une absence de projecteurs.
Chaque chapitre est raconté du point de vue d’un personnage différent, ce qui incite le spectateur à revisiter ses jugements et préjugés au fil de l’histoire.
Copti a reçu beaucoup de prix et distinctions pour ses deux films, notamment celui de la caméra d’or du festival de Canne pour « Ajami » et le Prix Orizzonti du meilleur scénario à la Mostra de Venise 2024 pour ce nouveau film.
Chroniques d’Haïfa est un film audacieux et très humain, qui utilise une structure narrative fragmentée et un casting non-professionnel pour révéler les tensions invisibles au sein d’une famille de cette région. À travers la narration de chacun des personnages sont dévoilées les tensions invisibles auxquelles les femmes sont confrontées : tiraillées entre devoir familial, pression sociale et pour certaine le désir de s’émanciper. Ce récit qui semble localisé, a un écho universel.
Titre : Chroniques d’Haïfa –Histoires palestiniennes
Réalisateur : Scandar Copti
Sortie le 3 septembre 2025 dans les cinémas mk2
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