Cher Evan Hansen : quand la comédie musicale nous parle de solitude et de réseaux sociaux
Parler de santé mentale sur scène
Cette adaptation française d’un phénomène musical venu de Broadway est vraiment touchante.
Car derrière les chansons pop-rock et la scénographie se cache une œuvre profondément humaine, qui aborde des sujets rarement évoqués frontalement sur scène : l’angoisse sociale, le sentiment d’invisibilité, le suicide adolescent, et surtout, le pouvoir et le piège des réseaux sociaux.
Un adolescent, un mensonge et l’illusion d’être vu
L’histoire commence avec Evan Hansen, un lycéen solitaire et anxieux, incapable d’aller vers les autres, envahi par l’idée qu’il ne sera jamais « assez ». Comme thérapie, son psy lui conseille de s’écrire des lettres à lui-même : « Cher Evan Hansen, aujourd’hui sera un bon jour… ».
Mais tout bascule lorsqu’un de ses camarades de classe, Connor, se suicide, laissant derrière lui une de ces lettres. Par un enchaînement de quiproquos et de silences, Evan se retrouve malgré lui à faire croire qu’il était son meilleur ami. Et ce mensonge, aussi absurde qu’accidentel, devient viral.
Sur les réseaux, Evan devient un symbole, un exemple, un « survivant ». Il est enfin regardé, aimé, intégré. Mais à quel prix ?
L’écho de notre époque : anxiété, viralité, solitude numérique
Ce qui rend cette pièce si puissante, c’est la façon dont elle fait résonner des fragilités très contemporaines. Le mal-être adolescent y est décrit avec une justesse rare : pas de clichés, pas d’exagération, mais une vérité crue et douce à la fois.
On ressent, scène après scène, ce besoin vital d’exister aux yeux des autres. Et comment, à l’heure des hashtags solidaires, il est si facile de se perdre dans une version de soi façonnée pour plaire, pour être validée.
La force du théâtre pour dire l’indicible
La mise en scène de la version française, signée Olivier Solivérès, joue à fond la carte du numérique : mapping vidéo, interfaces de réseaux sociaux projetées, textos envahissants. On est dans la tête d’Evan, littéralement.
Et cette immersion fonctionne : on ressent son anxiété, son soulagement quand il est enfin « vu », puis sa panique quand tout s’effondre. C’est intense, parfois dérangeant. Mais surtout, nécessaire.
Ce que j’ai retenu en sortant du théâtre
Ce que ce spectacle m’a rappelé, c’est que derrière chaque profil, chaque écran, chaque silence, il y a une personne qui peut se sentir seule, invisible, en détresse. Et qu’un simple geste, une écoute sincère, peut faire toute la différence.
Parce qu’en fin de compte, Cher Evan Hansen ne parle pas que d’Evan. Il parle de nous tous.
Informations
Titre : Cher Evan Hansen
Lieu : Théâtre de la Madeleine
19 Rue de Surène, 75008 Paris
Durée : 2 heures
Mise en scène et adaptation Française : Olivier Solivérès
Comédiens :
Antoine Le Provost dans le rôle d’Evan Hansen, Antoine Galey interprète Connor, Lou Nagy dans le rôle de Zoé, Kevin Barnachea en Jared, Fanny Chelim en Alana, Armonie Coiffard en Heidi Hansen, Sandrine Seubille en Cynthia Murphy, Michel Lerousseau en Larry
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