After Dark à la Manufacture des Abbesses, en attendant la Muse
Sept inconnus, un bar désert, une nuit d’hiver, et une attente silencieuse. Dans After Dark, la jeune autrice et metteuse en scène Clémence L met en scène une situation aussi simple qu’universelle : celle d’une attente. Celle de la Muse. Mais ici, l’inspiration ne surgit pas du ciel. Elle tarde, se dérobe, et finit par forcer les personnages à se découvrir autrement.
Une Muse absente, omniprésente
Il flotte dans cette pièce un parfum d’errance et de désillusion. Réunis par hasard dans un bar vide, sept personnages que tout oppose partagent une chose : un creux intérieur. Une faille qu’ils tentent de combler par l’attente d’une Muse. Comprendre : une idée, une illumination, une solution, un sens.
Mais la Muse ne vient pas. Pas dans sa forme classique. Et c’est là que la pièce trouve toute sa force.
Ce qui aurait pu être un prétexte poétique devient un moteur dramatique : l’attente devient confrontation, puis transformation. Le théâtre ne montre pas la Muse, il montre ce que l’absence d’inspiration fait naître. En cela, After Dark évite la facilité du mythe pour mieux révéler une vérité contemporaine : on ne trouve pas toujours l’inspiration, on la provoque.
La scène comme chambre d’écho
La scénographie est sobre : quelques tables, des chaises, un bar à moitié vide. Un espace suspendu, comme hors du temps, propice à l’introspection. La lumière se fait complice des états intérieurs, le son souligne les silences plus que les cris. L’esthétique, discrète mais efficace, laisse toute la place aux voix.
Car c’est bien de voix qu’il s’agit. Chacun des sept protagonistes prend tour à tour la parole, parfois seul, parfois à travers des dialogues vifs, tendus ou drôles. Peu à peu, ils abandonnent leur masque social pour dévoiler une faille commune : celle de ne pas savoir qui l’on est sans l’éclairage d’un regard extérieur. Une muse, un public, un autre.
La pièce parle de la responsabilité d’exister sans attendre que quelqu’un ou quelque chose nous y autorise. Une idée simple, mais puissante : la Muse n’est pas une promesse venue d’ailleurs, elle est un travail intérieur, un choix.
Une belle surprise de la rentrée
Portée par une troupe jeune et vibrante, la pièce séduit par sa sincérité, sa finesse et sa capacité à mêler rires et émotions. L’écriture est juste, parfois percutante, souvent poétique.
À l’heure où tant de récits attendent que “quelque chose” change, After Dark nous rappelle une évidence : c’est en cessant d’attendre que le mouvement commence.
Informations :
Titre : After Dark
Adresse :
La Manufacture des Abbesses
7 Rue Véron, 75018 Paris
Durée : 1h15
Jusqu’au 1er octobre


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